Sens & Tonka
ÉLECTRONS & DISSIDENTS
La volonté d’Yves Stourdzé était d’explorer, et plus, l’introduction des nouvelles technologies numériques dans la société française et les modifications qu’elles suscitaient. Il y avait la théorie, les rapports, les colloques, enfin toute une armada pour expliquer, pour convaincre, pour obliger !
Il aimait convoquer tous les moyens afin de réveiller la Belle France et ses édiles, et ses Grands corps moisissant au pouvoir de l’inaction, de l’attentisme et de la censure. Il en pâtira de façon cuisante.
Ici il mobilise le cinéma et les enjeux politiques, les jeux troubles, il convoque les mauvais souvenirs de la société prête à oublier le pire.
Ce texte, loin d’être « fini » n’est pas non plus un état ; l’écriture d’Y. Stourdzé est fait d’un style qui met en bascule les attendus, chasse les démonstrations convenues, évoque, plus que ne prouve, convoque notre étonnement jusqu’à l’improbable, comme il le fit dans Les Ruines du futur (1970), il ouvre la plus belle porte du savoir : l’imaginaire mère de toutes les libertés ! Le non finito est peut-être l’abouti.
H. T.
Cet ouvrage n’est en vente que sur notre site.
AGONIE DU MONOLOGUE DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE
Le souhait d’Yves Stourdzé était d’explorer l’introduction des nouvelles technologies de communication dans la société française.
Il s’y consacra, dans les années soixante-dix/quatre-vingt, convaincu que les formes et détours du pouvoir devaient s’y révéler en modelant ces nouvelles inventions. C’est ce qu’il avait nommé généalogie. À ce moment, la grande crise du retard français en matière de téléphonie l’incita à mettre à jour le télégraphe, à fouiller plus profondément ce qui s’était fomenté lors de son invention. Il put alors découvrir, qu’après la Poste présente depuis le Moyen Âge, le modèle du pouvoir en plus se devrait alors de maîtriser ces techniques et d'en garder le contrôle. D’abord le télégraphe puis le téléphone.
Avec une équipe de chercheur, tous les supports de communication, qu’ils soient de paroles ou d’images, furent examinés, de même que les conditions de leur acceptabilité. SCOPIE DU POUVOIR DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE, 2021, Éditions Sens&Tonka, Paris, présentait le travail concernant le télégraphe optique puis électrique.
Il nous a semblé nécessaire de faire connaître le travail concernant le téléphone qui éclaire enfin la crise des années soixante-dix et permettra à la société française d’être présente dans le nouvel «ordre» du monde.
En librairie le 16 janvier 2024
LE CONTRE HOBBES DE PIERRE CLASTRES
La guerre serait revenue ! On l’aurait, bien mal nous en a pris, oubliée... Elle se tenait ailleurs. Tout, d’ailleurs, se tient ailleurs : chez les sous-développés, les émergents, enfin ceux qui apprennent l’histoire et oubliant la leur. Le dédain, les erreurs d’appréciations (ou d’analyses) ne font que gonfler les refus, poussant à des déstructurations : du génocide, au massacre, à l’annexion et autres joyeusetés... Toute cette situation ouvre à un horrible absolu, à une vengeance aveugle, à une sorte de sauvagerie qui n’exista jamais, construite à dessein ouvrant à la terreur (nous en fûmes-nous pas les inventeurs) et la fabrication de la peur. Le Léviathan (Hobbes) réveillé refaçonne des États durs, met en place par la démocrature ses opportunistes politiques comme religieux ne jurant que par une paix qui attrape les mouches avec du vinaigre. Il nous a semblé qu’aller revisiter quelques pensées solides (Abensour, Sahlins, Clastres) en luttes contre les exploitations et les cache-sexes que sont domination, soumission, abondance, aliénation et addiction planquées derrière des mirages (dont le métavers n’est pas le moindre) pouvaient nous être très utiles et remettre un peu les idées en place (si cela est encore possible).
Ainsi, ce texte de 1987 est à lire avec l’expérience des cinq dernières années en vue de les décrypter afin de percevoir l’avenir au-delà des pleurnicheries qui envahissent notre quotidien, qui brouillent nos entendements et entretiennent une prétendue nécessité d’un État de Guerre fondateur, de tout temps, d’Histoire.
En librairie le 16 janvier 2024
(un) abécédaire des friches
COORDONNÉ PAR FABRICE LEXTRAIT ET MARIE-PIERRE BOUCHAUDY
Produire du Commun est une condition indispensable à la réussite de la transformation sociétale qui nous incombe. Des artistes, des acteurs culturels, des techniciens, des élus et des populations expérimentent quotidiennement des modes de création et de production artistiques, des démarches collectives et collaboratives et des formes de gouvernance qui contribuent à la réflexion sur cette mutation.En 2001, le rapport Friches, laboratoires, fabriques, squats, projets pluridisciplinaires... : une nouvelle époque de l’action culturelle, commandé par Michel Duffour, secrétaire d’État au patrimoine et à la décentralisation culturelle, avait permis de décrire et de rendre visibles ces espaces intermédiaires, physiques et symboliques, dessinant de nouveaux rapports entre art et société.
Depuis, des chercheurs ont documenté ces initiatives et produit de nombreux ouvrages.Vingt ans après les Rencontres des nouveaux territoires de l’art à La Friche la Belle de Mai, trente d’entre eux – philosophes, économistes, sociologues, architecte, paysagiste – explicitent et précisent, sous la forme d’un abécédaire, le vocabulaire et les concepts initiés ou développés par et autour de ces démarches singulières.
30 auteurs pour 120 mots
Lauren Andres, Hugues Bazin, Raphaël Besson, Patrick Bouchain, Bruno Caillet, Étienne Capron, Gilles Clément, Emmanuelle Gangloff, Gwénaëlle Groussard, Gabrielle Halpern, Philippe Henry, Isabelle Horvath, Arnaud Idelon, Cassandre Jolivet, Luc de Larminat, Fabrice Lextrait, Alain Lipietz, Matina Magkou, Léa Massaré di Duca, Isabelle Mayaud, Hélène Morteau, Pascal Nicolas-Le Strat, Cécile Offroy, Fabrice Raffin, Marta Rosenquist, Laurence Roulleau-Berger, Dominique Sagot-Duvauroux, Colette Tron, Emmanuel Vergès, Joëlle Zask.
La lettre au carré
Trames, tables, échiquiers… S’intéresser à la poésie à la lettre, c’est rencontrer, du IVe siècle jusqu’à nos jours, un ensemble de carrés de signes pour le moins spectaculaires. Éloges de l’empereur, rêves sur la croix, nomenclatures fantasmées… Comme si cette mise au carré de l’écriture laissait percer un idéal : l’avènement d’un ordre, réunissant en une forme parfaite, éternelle, le poème et son inscription graphique.
À l’épreuve, la perfection en tous sens du carré favorise pourtant une étrange propension : à élargir les directions de lecture, d’écriture. On connaît assez les carrés magiques dont les chiffres s’additionnent de toutes les manières. Le carré de lettres, de ce point de vue, peut aussi bien se situer à l’aboutissement d’un affolement du sens et d’une poésie des mots, des signes se recomposant sans cesse. Le carré ? Et pourtant il tourne.
Car il s’agit bien de retrouver les grandes figures régulatrices de la cosmologie, des calendriers ; mais pour les relire, les redistribuer ou plutôt : les remettre en mouvement et en jeu. La poésie, si elle jette sur la feuille de merveilleuses constellations habitables, n’a de cesse de rendre au ciel étoilé ses infinies possibilités de lecture. Peut-être aussi parce qu’elle commence dans la mise en demeure du médium même dans lequel elle est engagée. Qu’elle interroge fondamentalement la découpe des mots, et par la même occasion, du monde, la suspend un instant, lui fait perdre toute évidence.
De Trithème à Tristan Tzara, de Maurice Scève à Jacques Roubaud, de Du Monin à Ghérasim Luca, de Raban Maur à Michèle Métail, courent ainsi des fils qui, de siècles en siècles, dessinent une véritable continuité. Lire ces auteurs, les confronter avec les philosophes, les kabbalistes ou les linguistes de leurs temps, c’est retrouver le temps long de la poésie comme un de ses horizons inexpugnables : le rêve d’une langue qui bougerait si vite, si constamment, qu’elle continuerait à parler mais sans figer la moindre découpe. Une langue infiniment labile, en perpétuelle restructuration ; un rêve de langue, peut-être, au revers de ce que fait toute langue – mais à même de nous rendre à la relance indéfinie du partage du monde.
Un arbre à la fenêtre
" Depuis ce 24 février 2022, date où l’on m’a confirmé le diagnostic de cancer, j’ai tenu un journal en écrivant presque tous les jours. Ce n’est pas un journal intime mais une réflexion au jour le jour sur des sujets variés, y compris le cancer, selon ce qui chaque fois me venait à l’esprit sans y avoir pensé avant le moment de l’écriture. Le journal s’arrête au lendemain du jour où j’ai fait part aux médecins de ma décision d’arrêter le traitement, le 10 mai de la même année."
Memento mori
Cet ouvrage est, pour partie, composé de soixante-dix-sept collages de Claude Eveno, et d’une fiction que composa Linda Lê en les regardant.
Chaque œuvre étant entière, données pour elles-mêmes notre choix fut de les assembler en tête-bêche.
Images et mots, deux récits en écho l’un de l’autre, présentés dans un livre que l’on peut lire en commençant ou par l’un ou par l’autre, selon la force d’appel des mots ou des images pour le lecteur qui s’en empare. Nulle intrication graphique ne vient déranger le chemin qu’il aura choisi en premier.
Les images sont des collages de Claude Eveno composés avec des bribes de l’histoire de la peinture et qui racontent beaucoup, tant ils sont délibérément figuratifs. Les regarder est un voyage dans une intériorité malmenée par des excès, souffrances, passions, cruautés, divagations du désir et de la folie, tristesse et mélancolie…
Les mots de Linda Lê, sont une fiction racontant l’histoire d’un homme tourmenté qui nourrit ses turpitudes intérieures avec des « livres de collages » feuilletés tout au long de sa vie. Un solitaire douloureux, marqué par la mort, jouissant d’une existence de « cauchemar éveillé » où se mélangent et les images de ses livres et celles de son imagination en proie aux fantasmes, de moins en moins connectée à la réalité.
Lire les collages, est en retrouver des échos dans les mots du récit. Lire le texte, est entendre encore ces mots en entrant dans les images.
Tout est paysage
Tout est paysage de Lucien et Simone Kroll
Première édition : automne 2001.
Édition revue et augmentée en 2012, un deuxième tirage de cette édition paraît au printemps 2022.
Textes et photographies, de Lucien Kroll, qui, fidèle à sa théorie, poursuit sa pensée d’une vision humaine et globale du paysage de l’architecture s’opposant à la démonstration du seul objet architectural qui, ainsi que le prônait le mouvement, dit moderne, ne peut plus se soumettre à ses propres fantasmes mais, au contraire, se doit de rejoindre son essence : faire habiter, accueillir l’existence des « résidents », et développer les économies durables afin de développer
les nouveaux conforts « climatiques ».
Simone Kroll y ajoutera la poésie et le charme de quelques-unes de ses "flores" [extraits].
"Mes propositions s'inscrivent dans un courant social (ou politique) visant tranquillement l'écologie. Elles contiennent mon refus fondamental de l'agressivité industrielle, ma culpabilité devant l'irrespect pour les autres cultures et pour les économies spontanées ou locales et mon ambition d'aider une société à démontrer ses compexités à travers son paysage urbain." L.K.
CONTRE LÉVI-STRAUSS
Étreindre pour mieux trahir, n’est-ce pas le sens qu’il faut conférer au célèbre baiser de Judas ? Ce geste est, nous semble-t-il, celui que commet le célèbre anthropologue structuraliste Claude Lévi-Strauss en 1950 lorsqu’il rend hommage à Marcel Mauss dans une introduction devenue un canon du genre, longtemps demeurée une porte d’entrée incontournable à Marcel Mauss, et particulièrement à son texte le plus connu et commenté, l’Essai sur le don, dont le contenu semble devoir s’éclairer grâce aux lumières lévi-straussiennes.
Est-ce le charme de ce texte précisément ou est-ce le propre de toutes les grandes œuvres que d’offrir une expérience vivante de pensée ? À notre sens, c’est vrai de tous les philosophes du malencontre (terme issu de Le Discours de la servitude volontaire, et érigé en concept par Pierre Clastres), ces auteurs inclassables qui font le pari de l’incertitude, qui prennent le risque de la pensée pour remonter le cours du temps et se poser la question matricielle formulée par Nietzsche danse La Généalogie de la Morale: « Quel(s) événement(s) se sont-ils produits pour que nous soyons devenus ce que nous sommes aujourd’hui ? »
Claude Lévi-Strauss, avec toute son autorité, a, semble-t-il, préempté le texte, y posant ses scellés et fixant sa lecture pour plusieurs générations de lecteurs. Ce sera donc le regard médusant de Lévi-Strauss que nous chercherons ici à détourner comme Persée pour approcher le point aveugle et originaire dont l’œuvre tire son exceptionnelle et irrésistible puissance.
L'AUTEUR :
Essayiste et écrivain
à déjà publié en nos édtions :
Acrylique (2002)
Les Trois secrets (2008)
LE VOYAGE À TREIGNAC
Un écrivain d'âge et une jeune artiste peintre ont, ensemble, le projet d'observer, près de Treignac, des paysages de Corrèze pour en restituer les singularités. Lui, avec des mots, elle, avec des dessins. Elle vit à Treignac. Il réside à Paris.
Sa venue étant retardée pour quelques mois, il lui écrit, en réaction à des photographies qu’elle lui envoie, ce qui le mènera à réflexion sur les paysages et le souvenir de ceux qu’il a connus au cours de ses voyages tout au long de sa vie.
Il tiendra le journal de ces découvertes. De son côté, elle dessine en continu la nature de ce qui l’entoure, pour autant de notations et de pensées du paysage.
En partage d'un sentiment géographique et les valeurs d'une région, lettres, journal, et dessins, seront entremêlés pour dire et décrire, voir et donner à voir des lieux, et les émotions qui s'en dégagent…
LES AUTEURS :
Louise Sartor est diplômée de l’École des arts décoratifs et de l’École des beaux-arts de Paris. Elle s’est installée à Treignac après une année passée à Rome en tant que pensionnaire de la Villa Médicis. Elle expose en France et à l’étranger, notamment à Los Angeles, Vienne et Hong-Kong.Son travail a récemment été exposé au Consortium de Dijon. Elle est soutenue par la galerie Crèvecœur, qui exposera ses peintures et ses dessins en deux lieux de Paris en février 2022.
Claude Eveno, cinéaste, urbaniste, écrivain, a été rédacteur en chef des Cahiers du CCI et de la revue Monumental, éditeur au Centre Pompidou, conseiller de programme à France Culture, et professeur à l’École nationale supérieure de la Nature et du Paysage. Il fut par ailleurs président de la Maison des écrivains et de la littérature.
Il est l’auteur de nombreux essais sur la ville et le paysage, de même que des récits de voyages, endossés au gré de l'art de la peinture.