Sens & Tonka
LE READY-MADE ORIGINAL
Why not sneeze Rrose Sélavy ?
Le monde merveilleux du ready-made a sa propre logique. La contradiction n’y a pas cours ; ou du moins, ce qui nous apparaît comme tel y représente un charme de plus. L’à-peu-près y vaut la rigueur, et souvent en tient lieu. C’est un monde où il y a “autre chose que oui, non et indifférent”, où l’indifférence même est autre chose qu’elle-même — une méta-indifférence, qui est une indifférence est une indifférence est une indifférence, de même que la rose de Gertrude Stein “est une rose est une rose est une rose”.
Oui, pourquoi ne pas éternuer ?
ABÉCÉDAIRE
Cet Abécédaire est le prolongement d’une conversation de l’auteur avec le philosophe Gilles A. Tiberghien.
Autonomie — Brassage planétaire — Continent théorique — Désobéissance — Étonnement — Faire avec — Génie naturel — Herbe — Initiative — Jardin — Kangourou — Lisière — Mouvement — Nuage — Optimisme — Patience — Q.I. — Résistance — Silence — Troc — Utopie — Variable — Wikipédier — X — Yin yang — Zizanie
SENTENCES DE SOLITAIRE
Sentences de solitaire poursuit le jeu entamé dans les précédents ouvrages de Toulouse-La-Rose publiés en nos éditions, Du singe au songe (2007), Pensées, donc (2008) et Libres pensées (2012) : des aphorismes trempés à l’acier du bon sens, de la politique, de la culture, qui révèlent le sordide des idées trop largement partagées.
Entre un « dictionnaire des idées reçues » et les loufoqueries d’un humoriste. Toujours bref et furieux.
UNE ÉDUCATION ARCHITECTURALE
Antoine Stinco retrace dans ce récit l’itinéraire où le goût de l’architecture s’est, dans les années soixante, et malgré un enseignement rétrograde, imposé au jeune étudiant qu’il était.
En parallèle, l’auteur raconte certains états de sa vie truffés de péripéties dans une époque débutante où soufflait un vent de légèreté, pouvant faire croire, en plein cœur de ces années des trente glorieuses, à l’ambiguïté d’une liberté… enfin acquise ?
Un témoignage à ne pas manquer sur une époque révolue évoquant peut-être ce que furent « Les années folles » !
ESTHÉTIQUE D'UN TRADER
Esthétique d’un trader est un essai sur l’art contemporain, élaboré à partir de l’œuvre de l’artiste américain Jeff Koons dont on ne retiendra ici que les initiales, les œuvres et les déclarations. « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux », disait Duchamp. Dans le même ordre idée, on pourrait affirmer que ce sont les institutions, le marché et la critique autorisée qui font les artistes. Qu’aurait alors à proposer celui qui prendrait la liberté de ton et d’analyse pour aller au-delà des apparences et des évidences formelles, des sophismes et des discours convenus, si ce n’est un « essai de critique fiction» - puisque rien n’est vérifiable et que tout est sujet à caution dans l’ordre des sensations ? Il faut bien admettre que prêter des intentions aux objets d’art, leur faire dire explicitement ce qu’ils taisent ironiquement ou cyniquement, est un exercice à haut risque. Fort de la méthode «paranoïaque-critique» initiée par Salvador Dali, Esthétique d’un trader s’aventure dans le dédale des hypothèses et des analogies, des filiations et des ruptures, des héritages et des trahisons. Andy Warhol prétendait qu’il n’y avait rien derrière ses tableaux. Mon œil ! Que recèlent la statuaire métakitsch design plus de J.K. et le coût exorbitant de ses œuvres ? Que dissimule son monde enfantin, optimiste, cool et sympa ? Une autopsie s’impose. Les faits, les bibelots et les déclarations de l’artiste qui inspirent le propos, seront là pour démontrer que la «critique fiction» n’est, en définitive, pas très fictionnelle. L’œuvre de l’artiste-trader n’est qu’un fil rouge ; l’essentiel du propos porte sur les interactions entre économie, art et culture. Ceci étant, on ne va pas nous refaire le coup de la querelle des anciens et des modernes. Ni happy few, ni nostalgique, Esthétique d’un trader prend le parti d’une troisième voie, celle d’un gai savoir - car il faut bien vivre dans le luxe et la dégradation ambiante. La finance, la communication, le mainstream, etc., ont rendu la société néolibérale morose et oxymorique (le désenchantement enchanté, l’aliénation libertaire, le socialisme libéral, le cynisme convivial, la transgression normative…) Faudrait-il ajouter les œuvres d’art les plus courues à la liste des nuisances et des nourritures spirituelles frelatées ? Au terme du procès, ce sera au lecteur de juger.
L'EXTASE ESTHÉTIQUE
« “Quant à l’art, il est trop superficiel pour être vraiment nul. [...] Comme pour l’anamorphose : il doit y avoir un angle sous lequel toute cette débauche inutile de sexe et de signes prend tout son sens, mais pour l’instant, nous ne pouvons le vivre que dans l’indifférence ironique.”
Cette phrase est extraite de l’article de Jean Baudrillard intitulé “Le complot de l’art”, paru dans le quotidien Libération du 20 mai 1996. À l’époque, le propos fut reçu comme une provocation, un jugement à l’emporte-pièce qui faisait de la création contemporaine une monnaie de singe et plaçait son auteur dans le camp de la réaction. Il était facile, en effet, de réactiver le combat historique de la modernité contre l’académisme [...] Sauf que cette posture avait pour principal défaut de reprendre un schéma obsolète auquel Baudrillard ne se conformait pas, tant sa position ne partageait rien avec les cris d’orfraie qu’à la même période un Jean Clair proférait. Nulle volonté, pour le théoricien de la simulation, de préserver une grandeur esthétique disparue, nul désir de s’en remettre à une bienheureuse transcendance de l’œuvre sous les noms de beauté ou de vérité. Au contraire, son jugement lapidaire était avant tout une manière d’en finir avec la transgression alors que celle-ci était — depuis plus d’un siècle — l’un des moteurs de l’art moderne. »
LIBÉRER L'ENFERMÉ. AUGUSTE BLANQUI
Ouvrage écrit en collaboration avec Valentin Pelosse.
Au fond de nos souvenirs dort Blanqui, exalté, allumé, tour à tour activiste, militaire, « alchimiste », « philosophe », dressant des barricades avec des mots et des mots comme des barricades. L’homme des proclamations, des éclats : « Pourquoi le drapeau de la révolution est-il rouge ? c’est qu’il fut trempé mille fois dans le sang du prolétariat ». Par ses actes, ses écarts, ses images, Blanqui devint un mythe. Celui que l’on nomma l’Enfermé est devenu l’effigie du révolté — en oubliant ce qu’il fut.
Ce bref texte sommeillait à la fin d’un volume que nous fîmes paraître en l’an 2000 (reprise d’une parution de feu les Éditions de la Tête de feuille, 1973) où se confrontaient les « Instructions pour une prise d’armes », « Je suis un de ces voyageurs », « Contre le positivisme » et « L’Éternité par les astres ». Ne pas « Oublier Blanqui » est le but poursuivi.
À FORCE DE DESCENDRE DANS LA RUE, L'ART PEUT-IL ENFIN Y MONTER ?
– 3e ÉDITION –
« Quelques réflexions sur cette activité très spéciale qui consiste à poser dans l’espace urbain, ouvert à tous et plus généralement à l’extérieur (bien que des espaces répondant aux mêmes critères puissent également être intérieurs) des objets généralement dénommés « sculptures ». Ces objets sont-ils d’un type défini, reconnaissables parmi les autres objets de la ville ? Quelles significations ces objets ont-ils ? Si le même objet se trouve au Musée, sa signification est-elle identique ? Qui les permet dans la ville ? Où se trouvent-ils placés ? Qui choisit le lieu ?
Ce sont là quelques questions, et des dizaines d’autres, qui m’intéressent au premier chef depuis une trentaine d’années dans le domaine des travaux exclusivement urbains et s’effectuant en dehors des lieux spécialisés que je vais tenter d’aborder, succinctement, ici. »
D. B.
LA BEAUTÉ DE L'INDIFFÉRENCE
– RÉÉDITION –
À observer l’art du XXe siècle, le ready-made est une pierre d’achoppement contre laquelle il est difficile de ne pas venir buter. S’il fut tout d’abord un objet non identifié par l’art de son temps, il est devenu une référence incontournable pour la création contemporaine qui ne cesse encore aujourd’hui de s’y rapporter. Faire de l’art avec ce qui n’en est pas : voilà la définition aporétique du ready-made qui a été progressivement invalidée par sa postérité. En obtenant une légitimité au sein du champ de la création plastique, l’invention de Marcel Duchamp s’est transformée en un paradoxal « objet-dard » dont l’instabilité semble continuer à inquiéter même si elle a rejoint les musées. Au cœur de ces « coins de chasteté » où toutes les provocations de la modernité ont été rassemblées, le ready-made demeure en effet le lieu d’une césure impossible à résorber. Il a ouvert la catégorie de l’œuvre d’art à ce qui lui était soi-disant le plus étranger lorsqu’elle se limitait encore à l’illusion : la réalité même.
LA NAISSANCE DES DIEUX
Cet ouvrage tente de saisir "sur le vif" la transformation, constitutive de la mythologie, que l’institution de l’État fait subir au matériau mythique préexistant. Il se place dans la continuité des travaux anthropologiques de Claude Lévi-Strauss et de Pierre Clastres, considérant les "sociétés contre l’État". Il s’avère possible, dans le cas grec, de relever chemin faisant, le travail de "mythologisation" qui s’effectue sur un matériau mythico-mythologique préexistant — qui va des "légendes" de fondation des cités grecques à l’élaboration proprement mythologique chez Hésiode. Un parcours souvent absent dans d’autres cultures (historiques ou ethnologiques) où la fixation écrite de ces "légendes", évidemment orales à l’origine, n’a pas eu lieu.