Patrick Straram
LETTRE À GUY DEBORD [1960]
“Guy,
Merci pour documents de l’I.S. et ouvrages de Henri Lefebvre, d’une importance vitale pour moi ici. Est également important pour moi de correspondre avec toi, “parce que les interlocuteurs valables sont tout de même encore rares”. Mais j’énumère tout de suite les difficultés : Trop sommaire une correspondance facilite les malentendus les plus nuisibles ; [...] Une différence radicale entre circonstances, ambiances, situations et problèmes risque de nous faire, toi à Paris et moi à Montréal, écrire pour nous entendre des lettres “non-averties”, un non-sens que seules une certaine bonne volonté et une objectivité “en soi” peuvent éviter. Il vaut cependant la peine d’essayer de correspondre. Décidément.“[...]
Début de la lettre (inédite) de Patrick Straram à Guy Debord. Suivi d’une lettre (inédite) de P. Straram à Yvan Chtcheglov (1959).
LA VEUVE BLANCHE ET NOIRE UN PEU DÉTOURNÉE
Né à Paris en 1934, mort à Montréal en 1984, Patrick Straram fut en 1953 l’un des principaux membres du groupe Internationale Lettriste aux côtés de Guy Debord et d’Ivan Chtcheglov. Il quitte le mouvement un an plus tard, par solidarité, lorsque Debord exclut Chtcheglov du groupe d’avant-garde.
La Veuve blanche et noire un peu détournée est un roman d’apprentissage racontant l’éducation sentimentale du jeune Straram âgé de dix-huit ans par une femme de vingt ans son aînée. Il fait de cet épisode mineur, longtemps ressassé, la clé de son indépendance intellectuelle et affective. Cette œuvre autobiographique peut également être comprise dans le sillage des pratiques lettristes puisqu’elle fait un usage constant de “détournements”.