Déjà Paru
LE JARDINIER DE QUINZE SOIRS
On est entré à Mélise par la porte du Souhait. Les jardins de Mélise décident si tu es amant ou aimé et j'y ai vu une ville qui songe. Le troisième jour, j'ai visité les jardins de Mélise : jardin de regards, jardin d'histoire, jardin d'ombre et de lumière, ou jardin des passages, ils sont des parcours que l'on suit lorsqu'on a décidé, pour chacun de ses fleurs. J'ai décidé d'un jardin d'oubli, Dieu sait pourquoi, c'est un jardin à trois fleurs.
D'ELLE
« Et j'étais si naïve, si timide, j’ai changé depuis, quand je pense que j’ai même osé un dimanche aller à la messe avec un “Perfecto”, c’est mon fils le plus jeune qui l’avait oublié là sur un fauteuil et j’ai voulu l’essayer par curiosité, il faut savoir vivre avec son temps, j’en vois des femmes même plus âgées que moi qui se permettent des choses comme ça, et ça ne leur va pas si mal alors quand j’ai vu ce gros blouson de cuir, bien entendu trop grand pour moi, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, c’était comme une idée complètement follement incontrôlable, je me suis dit : pourquoi pas moi aussi ? j’étais tout de même drôlement gonflée, j’ai juste au dernier moment, sur le parvis avant d’entrer, mis une étole par-dessus ! » J.-M. S.
BIVOUAC GENERIK VAPEUR
BIVOUAC : spectacle de rue – dix ans de parcours dans le monde entier – est une création de la compagnie Générik Vapeur. Une histoire simple, 16 comédiens qui se multiplient à l'envi jusqu'à grossir la troupe de 20, 50 voire une centaine de personnages supplémentaires, 102 bidons, 4 musiciens… et la fin d'une journée ordinaire en centre ville, quand soudain, sur étendard sonore, un déboulé de petits hommes et femmes bleus... « ils prennent la ville à revers et détournent les rues, les fontaines, les bans publics et les statues. Ils cherchent un lieu qui leur ressemble, une pyramide, quelque part, signalétique du rassemblement puis du dépassement. Ils s'évanouissent comme ils sont arrivés, dans la musique ».
INTRODUCTION À L'URBANISME
C'est en homme nourri de traditions que Marcel Poëte, né en 1866, aborda l'interrogation fondamentale et nouvelle de l'urbain. Si avant lui il y eu des historiens de la ville, ils se bornaient à décrire la ville en tant que phénomène laissant à la littérature l'ineffable ; alors que Poëte extrait tout simplement l'ineffable des phénomènes. S'il ne quitte pas le domaine de l'étude c'est pour nous faire percevoir l'impalpable qui fait notre ordinaire. Il raconte la ville comme instance des cultures s'il en est. Il aurait pu en rester là en nous livrant une analyse globale et spécifique de cet objet dénommé ville. Il préféra s'affronter à cette énigme toujours pas résolue : la ville est tout ce qui n'est pas encore elle. Ce qui se lit dans l'hier et l'aujourd'hui, permettra ou interdira le demain.
La ville (la chose, l'objet) est dans la Cité (l'idée sociale) dont est issu l'urbain (manière d'être, l'altérité) que nous pourrions par des mots actuels traduire par la politique (la polis), l'objet et la vie quotidienne. Contempler n'est pas pour lui suffisant, alors il franchit le pas afin de concevoir une discipline susceptible de réfléchir et de projeter la ville.
ASSEZ !
“La nostalgie me casse les couilles ! Les nostalgiques avec... Et ceux qui ont eu vingt ans en 68 et qui s’en vantent sont les pires. [...] On ne peut pas dire ce que ça aurait été puisque cela a échoué, par la faute de l’appareil des partis et des bureaucrates syndicaux, mais on peut, en revanche, faire dériver de cet échec les échecs successifs de la société actuelle dont le pôle sénile serait Mitterrand et le pôle juvénile Les Inrockuptibles.”
LA TENTATION DU PAYSAGE
“Sous le titre La Tentation du paysage, il sera question d’une figure essentielle du temps sous la forme de l’image même de l’immuable : la campagne, le monde rural. Celui-ci y étant abordé hors de tout lyrisme nostalgique. [...] Il en sera question comme d’une figure sans cesse recommencée et toujours réadaptée de l’inertie originelle, figure qui, sous la forme du paysage apparaît alors comme une expérience de la conscience de nous et du monde où se trouvent indissociablement mêlés l’inertie et la vitesse, le même et le distinct, le perdu et le retrouvé ; figure plus proche de nous sans doute que jamais de l’Éternel Retour.” J-P.C.
DE LA CONCIERGERIE INTERNATIONALE DES SITUATIONNISTES
La première édition de ce texte a paru en août 1971. L’on ne connaît pas, aujourd’hui encore, « l’hétéronyme » de Bartholomé Béhouir.
Les épigones plus radicaux que les radicaux mêmes conchient les plus belles idées les rendant stupides, insupportables donc méprisables – hier, en 1971, comme aujourd’hui, en 2000.
« ... Ça y est, il pleut! Une dernière chiasse de tristesse révolutionnaire est née. Une merde est tombée. La pollution anti-pro-authentico-situationniste s’est exprimée. La pythie cause. Silence les cons, les demi-radicaux. Zorro arrive et tout va mieux. Le règlement de comptes – comprenez La resa dei conti – s’articule. Ouais vous allez comprendre les tenants et aboutissants du mystère : paraît qu’il y a des intelligences dans les Perspectives prolétariennes et que le Groupe révolutionnaire d’action conseilliste sait ce que l’Internationale situationniste pense d’eux. Mais alors vous allez souffrir... » La bêtise se substitue à l'intelligence et l'opportunisme à la réflexion.
LA CRUAUTÉ DE MARS
Écrit du mois de mars 1999 au mois de mars 2000 – d'où son titre –, cet ouvrage constitué de courtes satires fait référence à la cruauté et à l'absurdité de l'Homme désarmé, malgré tout, face à son propre désarroi.
« Tu lui dirais alors noblement oui de l'estocade tu meurs c'est beau et le taureau sonderait fier le regard qui ternit le souffle qui s'éteint sous le ciel imparable du soleil sévillan il couperait alors les oreilles et la queue – les couilles du héros en bouquet dans sa bouche séchantes – de ces trophées muni dans son enclos enfin ferait le signe de la croix. » J.-M S
L'ÉCOLOGIE POLITIQUE AU MIROIR
“L’écologie politique, à défaut de grandes idées, a des idées larges. Pour ainsi dire pas vraiment des idées, plutôt des opinions ; et surtout l’ambition de faire de sa propre confusion le mode le mieux adapté de représentation politique pour tous ceux qui cherchent et se cherchent dans une situation où tout semble bloqué. [...] La déroute étant depuis quelque temps déjà un fait social à part entière, il était finalement légitime qu’elle soit politiquement représentée ès qualités, et même, si besoin est, théorisée.” J-P. C.
LE GÂTISME VOLONTAIRE
Comment notre société, qui n’a jamais été autant scolarisée, peut-elle paraître aussi bête? Pourquoi l’étalage de la souffrance et de la compassion est-il devenu le principal motif d’exaltation et de surenchère dans la vie politique, sociale ou culturelle? Pourquoi le grand nombre s’est-il mis au diapason des médias qui pontifient et des élites qui radotent? Comment a-t-on converti tant de propos à la monnaie unique de l’’éthique? Pourquoi est-on désarmé face à une incivilité grandissante qui bafoue l’esprit public? Pourquoi, en dépit du désarroi ambiant et du désastre qui s’annonce, la société dans son ensemble, persistant dans son délire, revendique-t-elle en quelque sorte le droit de prospérer tout en attentant à ses propres jours?
Georges Sebbag répond à ces questions alarmantes en les rapportant à deux réalités étroitement liées et passées jusque-là inaperçues — le chambardement démographique des âges et le naufrage du sens commun.